Entretien avec Jérémie Cayla, Chef de projet marketing Digital pour Bonduelle

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Après 8 ans d’expérience dans le web, Jérémie Cayla est aujourd’hui chef de projet marketing Digital pour la marque agroalimentaire française Bonduelle. Ce navigateur 2.0 partage avec nous ses bonnes pratiques digitales. 

 

jérémieCaylaQuels sont les sites sur lesquels vous vous plaisez à naviguer ?

Globalement, j’aime assez les blogs car j’y trouve des informations qui alimentent mon quotidien, tant personnel que professionnel. Cela permet un bon mélange de thématiques que l’on voit évoluer au fil du temps. Et surtout, les articles génèrent des commentaires qui peuvent alimenter des discussions intéressantes. Et je consulte autant de blogs de marque (Le blog  CRMSocialshaker) que de blogs “indépendants”, même si certains sont devenus des “gros” du secteur (Le blog du modérateurWebmarketing & ComEmarketinglicious, Presse CitronTechCrunch).

Capitaine Train dont je suis absolument fan pour sa simplicité et sa facilité d’utilisation. Pour le coup, on est à l’inverse de la création de contenus. Mais je pense que c’est justement un exemple de réponse à Voyages SNCF qui a peut-être mal réussi l’alchimie vente/contenu et une preuve que la publicité à outrance est un frein à l’achat.

En termes de contenu, j’avoue aussi me délecter des infos du Gorafi.

Parallèlement, il y a des sites que je ne suis quasiment que sur Facebook comme Phonandroid.

Sur le plan personnel, comme je tiens un blog de musique, je consulte aussi pas mal de blogs ou de sites de musique comme magicrpm ou Pitchfork pour ne parler des plus gros. Pour les loisirs, je suis aussi des sites de mode masculine (Bonne GueuleComme un Camion).

 

La dernière sirène (campagne) qui vous a interpelé ?

Lidl, que l’on voit absolument partout : en télé comme sur le web sous différentes formes. Je suis assez surpris de leur capacité à reprendre des codes que l’on croit presque réservés à des géants américains (musique branchée, ambiance jeune, moderne et dynamique pour les casques audio presque digne des codes d’Apple), ou leur récente campagne “See You In Venice” qui, sans le logo Lidl, pourrait être associée à d’autres grandes marques. Donc oui, ce plan média colossal m’a interpellé. Après, je n’ai pas la capacité à juger de la qualité des produits puisque je ne les achète pas et je garde une vision bas de gamme de l’enseigne. Je pense qu’il va leur falloir encore du temps pour casser leur image hard-discount. Et je ne suis pas certain que ces grosses campagnes marketing aient un impact pérenne. L’avenir le dira.

 

Contre quel(s) courant(s) résistez-vous ?

Globalement, la pensée unique du style « c’est Apple alors c’est bien » m’exaspère. Je n’ai rien contre Apple, loin de là, mais le manque de recul de certains consommateurs peut m’agacer. A l’arrivée de l’iPhone 6 et 6+ (et surtout des tarifs associés), les gens ont commencé à prendre conscience des sommes astronomiques dépensées. Et bien que ce soit Apple, ils ont commencé à regarder ailleurs.

D’autre part, sans tomber dans la francisation systématique, je tente de résister à l’utilisation des anglicismes à outrance. Cette vidéo récente à prendre avec du recul est assez évocatrice :

 

A l’inverse, par quel vent digital vous laisseriez-vous volontiers porter ?

Les tendances, plus vraiment récentes, de crowdfunding, d’entraide ou services entre particuliers alliées au côté social. Le web permet des choses magnifiques que l’on imaginait pas il y a quelques années. L’aspect communautaire a pris une place indiscutable qui apporte un réel service. Je pense à Waze par exemple, qui a su tirer parti d’un service de GPS pour l’alimenter en temps réel avec les retours des utilisateurs. (D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que Google a déboursé 1 milliard de dollars pour racheter Waze !). Quand on voit le succès de sites comme AirBnB ou Blablacar, on se rend compte que la prestation n’est pas forcément nouvelle, mais le moyen de la réaliser est elle, en phase avec les attentes consommateurs et les modes de consommation d’aujourd’hui. Moins social, mais 100% digital, Über a su révolutionner son marché. Quand on dira à nos enfants qu’avant, on devait aller à une borne de taxi et faire la queue, ils hallucineront sans doute.

Je vois aussi du plus futile mais tout aussi réjouissant, par exemple l’application Untappd qui permet de noter et donner des appréciations des bières que l’on consomme ! C’est présenté sous forme de réseau social et cela permet de créer un lien différent entre amis. Evidemment, le mieux est tout de même de boire la bière en vrai avec ses amis !

Plus récemment, l’utilisation de Shazam dans la publicité est une approche intéressante. Notamment pour des marques pas connues pour être fun et branchées. Je pense à la campagne Francine.

 

2025, Odyssée des contenus ! A quoi ressembleront-ils dans 10 ans ?

Connectés, évidemment, omniprésents et à la carte. Dans le domaine qui me concerne, je pense par exemple au couteau connecté. Ce couteau futuriste affiche sur sa lame les pesticides présents dans le fruit ou le légume qu’il vient de couper ! Cela paraît fou aujourd’hui, mais c’est une façon de présenter un contenu, avec une approche consommateur vraiment personnalisée. A l’image de Coca-Cola et sa bouteille nominative, les marques ont compris que le contenu personnalisé est un élément qui fait la différence, et la préférence du produit. Le contenu sera également beaucoup plus interactif : on regardera une recette en vidéo sur sa cuisinière connectée, et on affichera le contenu disponible à la carte. Moins textuel, le contenu sera pourtant omniprésent.

 

Votre job « next génération » : ce qui va révolutionner votre métier dans les prochaines années ?

Les terminaux et leur utilisation, les objets connectés (plus de 500 objets connectés par foyer en 2022) vont radicalement changer les métiers actuels. J’ai déjà donné quelques exemples précédemment, mais les marques et tous ceux qui produisent du contenu devront s’adapter à l’évolution des technologies. C’est ce qu’il se passe depuis quelques années avec les smartphones et tablettes : les marques s’adaptent. Le problème, c’est que la technologie va beaucoup plus vite que les marques n’ont le temps de dégainer. Il n’y a pas si longtemps, tout le monde faisait des sites en Flash parce que c’était beau, avant de se rendre compte que ce n’était pas compatible sur les mobiles ! Quand on voit que 65% des métiers de demain n’existent pas, il est évident que les métiers d’aujourd’hui vont connaître une profonde mutation.

Mais attention, on n’est pas non plus à l’abri d’une disparition complète du marketing

 

Votre Nord, votre conviction… en matière de communication digitale ?

KISS : Keep It Simple, Stupid !

 

Qu’est-ce qui vous inspire au moment d’ébaucher votre feuille de route ?

Cela dépend du contexte, mais j’aime bien sortir un peu (voire beaucoup) du cadre pour élargir la réflexion autour de la problématique tout en gardant bien en tête le besoin initial. Il est important de s’inspirer de ce qui se fait ailleurs, même dans un secteur d’activité complètement différent. Je reprends l’exemple d’Über : les fondateurs ont complètement cassé le marché et proposé un modèle totalement nouveau. Comment ? En partant d’un besoin consommateur (trouver un taxi en mobilité, sans faire la queue), ils ne se sont pas restreints au modèle présent en se disant que le taxi ne se commande qu’à une borne dans la rue. Ils ont ébauché leur feuille de route en sortant du cadre…

 Article publié par Claire Guillot, consultante Editorial Food chez Soyuz.
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