Genre et communication digitale : début de perspectives sur une société en mutation

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Genre et communication digitale : si on s’interrogeait ?

Smartphones et écrans d’ordinateurs, des organes comme les autres dans nos rythmes physiologiques, et nos moyens d’exprimer nos identités au sens large ? Quoi qu’on en dise, le sur-usage de ces outils dans nos vies quotidiennes soulève de nombreuses questions sur la construction et la diffusion des perceptions du genre…

On vous propose ici, et à notre humble échelle, quelques pistes d’exploration sur les solides entrelacs qui unissent genre et communication digitale, leur influence sur la société, en s’appuyant d’abord sur des initiatives de recherche en communication.

Genre et communication digitale : quand le numérique devient « technologie de genre »

Les médias jouent un rôle crucial dans la construction et la diffusion des représentations de genre. Et cela n’a rien de nouveau : bien avant l’avènement d’internet, et dès les années 80, la chercheuse Teresa de Lauretis affirmait qu’ils agissaient comme des technologies de genre, façonnant des modèles auxquels leurs audiences sont amenées à s’identifier.

Près de 40 ans après, entre infobésité et hyperconnexion, il est aujourd’hui urgent d’inclure dans nos usages et lectures digitales quotidiennes, des sources permettant d’enrichir nos points de vue afin de se façonner des outils de compréhension sur comment les acteurs du numérique renforcent, contournent ou redéfinissent les normes de genre.

L’empreinte numérique genrée : qu’est-ce que c’est ?

Nos interactions en ligne laissent des traces, volontaires ou non, qui constituent une forme d’identité numérique. Cette empreinte inclut inévitablement des marqueurs de genre, que ce soit à travers nos publications, nos choix de contenus ou nos interactions.

L’analyse de ces traces offre un terrain d’étude fertile pour comprendre la construction et l’expression des identités de genre dans l’espace numérique. Et les chercheurs s’y penchent !

L’initiative « Gendered Innovations » de l’Université de Stanford étudie comment l’analyse des données numériques peut révéler et combattre les biais de genre dans la recherche et l’innovation. Des questionnements d’autant plus pertinents à l’heure où l’IA générative se positionne comme créatrice de contenu incontournable dans les mois et années à venir.

L’hégémonie masculine dans le numérique et ses conséquences

La surreprésentation des hommes dans la création et le développement des technologies numériques soulève des questions sur la reproduction des inégalités de genre dans ces espaces. Cette domination masculine influence la conception des outils (algorithmes, langages de programmation) et des contenus, perpétuant potentiellement des biais de genre.

Et si ça bougeait ? Plusieurs initiatives ont émergé ces dernières années pour mettre en perspective et contrer l’hégémonie masculine dans l’univers de la création et de la diffusion numérique.

  • En France, l’association « Femmes@Numérique » œuvre pour accroître la présence des femmes dans le secteur technologique, en organisant des événements, des formations et des campagnes de sensibilisation.
  • Le programme « Women in Tech » de Station F, gigantesque campus de start-ups au coeur de Paris, offre un accompagnement spécifique aux femmes entrepreneures dans le domaine du numérique.
  • À l’échelle internationale, le mouvement « Girls Who Code » vise à réduire l’écart entre les sexes dans le domaine de l’informatique, en proposant des programmes d’apprentissage du code pour les jeunes filles.
  • L’initiative « AnitaB.org » organise quant à elle la conférence annuelle « Grace Hopper Celebration », le plus grand rassemblement de femmes technologues au monde.
  • On en parlait plus haut : dans le domaine de la recherche, le projet « Gendered Innovations » de l’Université de Stanford examine comment l’analyse sexospécifique peut ouvrir de nouvelles perspectives dans le développement technologique.
  • Enfin, des plateformes comme « Women in AI » et « AI for Good » mettent en avant le travail des femmes dans le domaine de l’intelligence artificielle et encouragent une approche plus inclusive et éthique du développement technologique.

Plurielles, diverses, et salutaires : ces initiatives contribuent à remettre en question les normes établies, à promouvoir la diversité dans le secteur numérique et à encourager une réflexion critique sur les biais de genre dans la conception et l’utilisation des technologies.

>> Ces sujets vous intéressent et vous souhaitez inclure ces considérations dans la conception-diffusion de votre stratégie de contenus ? Parlons-en de vive voix 🙂 

Perspectives de recherche et initiatives

Le constat est donc sans appel : de nombreuses questions de recherche émergent autour du genre et du numérique. Les chercheurs s’interrogent sur le potentiel des dispositifs numériques à redessiner les pratiques culturelles genrées, sur leur rôle dans la construction des identités de genre, et sur les méthodes pour étudier ces phénomènes.

Où jeter un oeil si le sujet vous intéresse ?
– Le séminaire « Genre et Espaces Numériques » du CNRS
– Le programme de recherche « Genre et médias » de l’Université Paris 8
– Le laboratoire « Genre, sexualité et société » de l’EHESS

 

De notre côté, promis, on continue à surveiller !

 

Sources :
– Séminaire « Genre et Espaces Numériques » du CNRS
– Teresa de Lauretis, « Technologies of Gender » (1987)
– Gendered Innovations, Stanford University (https://genderedinnovations.stanford.edu/)
– Women in Tech (https://women-in-tech.org/)
– Université Paris 8, programme « Genre et médias »
– EHESS, laboratoire « Genre, sexualité et société »

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